J’aime l’automne, la couleur de l’automne, la fraîcheur de l’automne.
Les feuilles prennent de multiples teintes d’or vif, de bronze, de rubis. Parfois subsiste le vert, comme un retard, un regain de vigueur.
J’ai pitié de ceux qui vivent sous les tropiques, ils ne connaissent jamais qu’une unique saison, plus de pluie parfois, quelques degrés de moins, mais toujours l’été. Dans nos pays tempérés, les saisons varient, la nature s’habille, nue en hiver et pleinement vêtue en été, le contraire des humains. Mais elle n’est pleinement belle qu’au printemps lorsque tout reverdit et fleurit, et en automne, lorsque les feuilles fondent en or et tapissent les chemins.
L’automne est la fatigue de l’été, le mûrissement d’une année. Les gestes ralentissent, le cœur s’apaise, l’esprit s’élève.
Lorsque la température baisse, surtout la nuit, les chats se réfugient dans la maison. Nous ne les avions plus vus depuis juin, sauf aux heures des repas, le matin tôt et le soir tard ; ils dorment désormais sur canapés et se blottissent sur les genoux, quémandant des caresses comme des enfants. Leur fourrure gonfle. Tout cela peut indiquer que l’hiver sera froid.
C’est pourquoi les tas de bois débutent sur les chemins.
En attendant, l’humidité fait verdir une dernière fois les prés.
La lumière enchante les sous-bois.
Elle fait chatoyer la rivière.
Le pêcheur médite, solitaire, guettant le poisson endormi qu’il appâte au bout de sa ligne.
