Jour de primaire : Paris est gris, bonhomme, en automne. Le calme règne après le fanatisme armé de l’an dernier.
Les gens oublieux badaudent, écoutent les cuivres discordants des musiciens sur la passerelle des Arts, tentant de relier l’écrit au visible, l’Académie française au Louvre.
La Seine coule, comme le temps – faut-il qu’il t’en souvienne ?
Sur la place de la Révolution, rebaptisée de la Concorde pour tenter de vivre ensemble, la grande roue tourne aussi, comme une histoire.
Devant les sénateurs, dans le jardin si populaire du Luxembourg, les filles papotent, caressées de soleil.
Un kid branché consulte les posts narcissiques de ses copains sur son phone, les pieds sur un ballon. Veillé par le lion vénérable qui a croqué d’autres chairs.
Le marchand de masques hèle les esprits – sans grand succès.
Comme la Liberté guidant le peuple de Bartholdi, modèle réduit de la statue de New York.
L’ère est aux histrions, comme cet acteur grec qui déclame à poil ou presque devant les vénérables.
Les Français sont légers, dit-on, ils oublient, ils changent d’avis comme girouette au vent. Le faune dansant tourne le dos aux sénateurs, qui s’en est rendu compte ?
